Et si c’était elle, la Porsche la plus iconique ?
Alois Ruf est un sorcier, un génie qui sublime les Porsche depuis le milieu des années 80. En dévoilant en 1987 la version CTR sur la base d’une 911 3.2, il a créé une icône, un mythe, un fantasme que tous les amateurs de voitures sportives auraient aimé conduire ou acheter !
Une légénde
La CTR « Yellow Bird » est certainement la plus légendaire des créations de RUF mais aussi l’une des Porsche les plus iconiques de l’histoire. Celle qui est mise en vente aux enchères par la société Gooding et Company début mars risque de battre des records : son estimation est supérieure à 6 millions de dollars. Oui, vous avez bien lu : 6 000 000 $ ! Bon, il faut dire qu’elle est exceptionnelle à plus d’un titre ! A commencer par son histoire limpide, seulement 2 propriétaires. Ensuite, son faible kilométrage de seulement 1700 kms en fait presque une voiture neuve. En arborant le châssis 026, elle est l’une des 29 CTR produites en 1987 et 1991. C’est également l’une des 9 fabriquées dans cette teinte jaune (Blossom Yellow, code 139 chez Porsche). Par ailleurs, elle est en version « Leichtbau (légère) » avec des ouvrants en aluminium, un arceau Matter et des sièges baquet Recaro. Elle dispose aussi de la boîte de vitesses optionnelle RUF à 6 rapports. Et elle est vendue avec toute la pléiade d’accessoires et de certificats en tous genres. D’où cette estimation totalement déraisonnable !
En 1987, RUF a dévoilé la nouvelle CTR, établissant de nouvelles normes de performance pour une voiture de sport homologuée pour la route. Signifiant « Group C Turbo RUF », la CTR incarnait la vision de RUF d’une voiture de performance ultime basée sur la 911, conçue dès le départ comme une machine focalisée et sans compromis, impliquant fortement le conducteur. RUF a basé sa CTR sur la Porsche 911 Carrera 3.2 à carrosserie étroite standard pour minimiser le poids et la traînée aérodynamique. Partant d’une carrosserie nue, RUF a remplacé les portes, le capot et le couvercle du moteur en acier d’origine par des panneaux en aluminium léger, allégeant ainsi de plus de 180 kg la voiture de base. D’autres modifications comprenaient la suppression des gouttières de toit, l’élargissement des ailes arrière pour accueillir des jantes Speedline de 17 pouces et l’ajout d’une trappe de remplissage d’huile externe du côté passager, comme sur la Porsche 911 de 1972.
Au cœur de la CTR se trouve un flat-six de 3.4 litres refroidi par air, équipé de deux turbocompresseurs, de deux échangeurs thermiques et d’une version précoce de l’injection électronique Bosch Motronic développée à l’origine pour la Porsche 962. Chaque moteur CTR était assemblé avec soin, numéroté individuellement et testé sur banc avant son installation. Sa puissance était officiellement annoncée à 463 ch à 5 950 tr/min, avec un couple de 554 Nm à 5 100 tr/min. Une molette dans l’habitacle permettait au conducteur d’ajuster la pression du turbo en temps réel. RUF a développé sa propre boîte de vitesses transaxle et a proposé une transmission à six rapports en option pour la CTR, à une époque où la Porsche 930 Turbo ne disposait encore que d’une boîte à quatre vitesses.
En 1987, la CTR s’est imposée lors du concours « World’s Fastest Car » du magazine Road & Track, atteignant une vitesse record de 339 km/h et surpassant les références de l’époque, Ferrari, Lamborghini et autres. Cette victoire a marqué l’histoire de RUF et renforcé la réputation de la CTR. En 1989, la CTR est devenue la vedette du film promotionnel Faszination auf dem Nürburgring, où le pilote Stefan Roser a démontré les qualités impressionnantes de la CTR sur le circuit du Nürburgring. Ce film, qualifié de « révolutionnaire, captivant et influent » par Car and Driver, a contribué à la légende de la Yellowbird.
Près de 40 ans après son introduction, l’influence de la CTR demeure indéniable. Ce modèle révolutionnaire a marqué les esprits à travers le monde, figurant dans d’innombrables magazines, livres, films et jeux vidéo. Pourtant, apercevoir une Yellowbird originale sur la route ou lors d’un événement automobile reste une rareté. L’exemplaire présenté à la vente, châssis 026, est sans doute la meilleure CTR encore existante, affichant un état d’origine exceptionnel et moins de 1 700 km au compteur. Conservée pendant trois décennies dans un lieu climatisé par son premier propriétaire allemand, cette CTR n’a été immatriculée qu’en 2020 lorsqu’elle a été acquise par son actuel propriétaire américain. Depuis, elle n’a parcouru aucune distance significative et reste dans un état d’origine remarquable. Avec son faible kilométrage, son historique limpide et sa configuration hautement désirable, la vente de cette CTR 026 représente une opportunité exceptionnelle pour les collectionneurs. Il s’agit non seulement d’une Yellowbird, mais d’un véritable témoin de l’excellence automobile, un modèle emblématique qui continue de captiver les passionnés du monde entier.