Et si la nouvelle Renault 4 était apte à la « road attitude » ?
Nouveauté attendue par de nombreux clients, la nouvelle Renault 4, présentée lors du dernier Mondial de Paris, arrive enfin sur les routes de France. L’occasion d’en prendre le volant pour un galop d’essai en région parisienne lors des eTrophées organisés par l’AMAM, l’association des médias auto et moto et dont Roadattitude est membre.
Autant vous le dire tout de suite, la Renault 4 a remporté le prix de la meilleure citadine et celui de la meilleure ergonomie ! Deux prix qui récompensent les choix de Renault en matière de positionnement et surtout en matière de praticité et de polyvalence. Alors, est-ce que cette Renault 4, citadine dans l’âme, est capable de s’aventurer sur la route avec famille et bagages à bord ? A-t-elle la « road attitude » pour envisager un roadtrip avec sa motorisation électrique ? Réponse à la fin de cette prise en mains.
Inspirée de la mythique Renault 4 des années 1960, cette nouvelle 4L reprend tous les codes esthétiques de sa devancière en les modernisant, à la façon d’un restomod. Plus imposante pour respecter toutes les normes de sécurité, la R4 nouvelle génération est basée sur la plateforme AmpR Small, celle de la R5 électrique. Elle est en revanche plus longue de 20 centimètres pour offrir davantage d’espace intérieur. Sa production est également située en France mais à Maubeuge, et non pas sur les mêmes lignes d’assemblage de la R5 à Douai.
À bord, l’esprit de la R4 originelle est savamment évoqué, sans jamais virer à la nostalgie excessive. La planche de bord, très horizontale, reprend les lignes simples du modèle d’époque, tout comme la poignée de porte reconnaissable. Mais tout est modernisé : sièges confortables au dessin contemporain (proches de ceux de la R5), console centrale et affichages numériques issus de la demi-sœur, inserts en tissu de qualité. Certaines versions jouent la carte rétro avec une sellerie en jean du plus bel effet. La présentation est belle, la finition également.
L’habitabilité est à la hauteur de cette proposition familiale. Grâce à un empattement de 2,62 m, les passagers arrière bénéficient d’un espace aux jambes très confortable, sans tunnel central, un adulte peut donc s’installer au milieu sans être gêné. L’accès aux places arrière est facilité par des portes larges et avec une belle amplitude d’ouverture.
Le coffre est l’un des plus spacieux de la catégorie, avec un volume de 420 litres. Un plancher amovible dissimule un compartiment de 35 litres pour le câble de recharge, et une fois la banquette arrière rabattue (fractionnable 40/60), ainsi que le siège avant passager abaissé, on obtient une longueur de chargement allant jusqu’à 2,20 mètres. Le seuil de coffre est exceptionnellement bas (environ 60 cm) pour faciliter le chargement des objets lourds. En option, un hayon mains libres complète l’aspect pratique. Ces aspects importants pour la clientèle montrent la polyvalence de la R4 par rapport à sa demi-sœur la R5. L’intérieur regorge d’attentions bien pensées et utiles : prises USB-C à l’arrière, espaces de rangement généreux, accoudoir central. On se sent immédiatement bien à bord de cette R4.
L’ergonomie générale, pensée pour éviter la surcharge technologique, permet une prise en main rapide, notamment grâce à la combinaison d’écrans clairs et de boutons physiques pertinents. Sous les yeux du conducteur, la double dalle numérique affiche un combiné d’instrumentation de 10,1 pouces et un écran central de 10 pouces abritant le système OpenR Link basé sur Google Automotive. Navigation Google Maps, Spotify, Waze, planification des trajets avec préchauffage batterie : tout est intégré pour une conduite moderne. Renault y a ajouté son assistant vocal, Reno, connecté à ChatGPT, capable de répondre à des questions sur la voiture, les bornes de recharge, l’itinéraire ou autres.
Au volant : facile !
Sur la route, la Renault 4 distille un comportement homogène et sécurisant. Basée sur la même architecture que la R5 mais avec un train arrière multibras, elle affiche une garde au sol légèrement supérieure. Ce qui frappe dès l’installation, c’est la facilité : tous les éléments tombent naturellement sous les mains et sous les yeux ! La position de conduite est idéale, confortable, on se sent prêt à avaler les kilomètres, bien installé dans les sièges au maintien parfait. Une fois que l’on a trouvé le bouton de démarrage au tableau de bord, caché par la jante épaisse du volant, il n’est plus besoin de chercher tel ou tel élément. Le sélecteur de vitesse lui aussi derrière le volant se manie très simplement.
Les premiers tours de roues dans la circulation parisienne confirment l’aptitude de la R4 à se faufiler dans cet environnement citadin. Son terrain de jeu suburbain n’est donc pas un mythe. Le silence à bord est à peine perturbé par un léger sifflement du moteur électrique. Ce sifflement sera d’ailleurs l’objet de discussions entre certains journalistes qui le trouvent trop présent sur les longs trajets. Ce que je confirme.
Equipée du moteur synchrone à rotor bobiné de 150 chevaux (110 kW) couplé à la batterie de 52 kWh, notre Renault 4 d’essai offre de vives accélérations pour s’extirper de la ville et s’insérer sur l’autoroute. Elle se montre très agréable, très prévenante avec ses passagers, notamment en matière de confort de suspension. La direction est à la fois souple et réactive. Principale différence avec la Renault 5, le mode “One Pedal Drive” et ses palettes au volant permettant de régler l’intensité du freinage régénératif s’avère particulièrement pratique à l’abord d’un rond-point et surtout en anticipation de ralentissement.
Comme toutes les nouvelles voitures commercialisées en France, la Renault 4 reçoit les dernières aides à la conduite (ADAS), dont un régulateur adaptatif, le maintien actif dans la voie, l’alerte de fatigue ou le freinage d’urgence. Renault a prévu un bouton physique, le My Safety Switch, pour ajuster rapidement ces aides à sa convenance car bon nombre d’entre elles sont particulièrement intrusives, déroutantes et franchement perturbantes à la conduite.
Comme pour toutes les voitures électriques actuelles et avant l’arrivée des modèles équipés de la prochaine génération de batteries, la question de l’autonomie reste centrale. Avec 300 à 400 km WLTP annoncés selon la version, la Renault 4 E‑Tech se montre bien placée pour une utilisation quotidienne urbaine ou peri-urbaine, voire lors de trajets régionaux. En revanche, l’autonomie réelle sur autoroute a tendance à descendre rapidement dès que l’on roule entre 110 et 130 km/h. Cette autonomie encore un peu faible pour ceux qui souhaitent faire de longs trajets ou partir pour des roadtrips de plus de 2 000 kilomètres peut lui être fatale lors du choix ! J’avoue que si je dois m’arrêter tous les 150 kms pour recharger, cela peut vite devenir un frein aux longs trajets. Même si la version 52 kWh s’avère bien plus polyvalente que la batterie de 40 kWh, d’autant qu’elle accepte la recharge rapide jusqu’à 100 kW en courant continu, contre 80 kW pour la version de base. En courant alternatif, les deux versions montent à 11 kW.
Le temps de recharge rapide est donné pour 15 à 30 minutes entre 15 et 80 % sur borne rapide, à condition de préchauffer la batterie via le planificateur d’itinéraire intégré. Le système OpenR Link prend ici toute son utilité, synchronisant navigation, bornes compatibles et état de charge. La pompe à chaleur est de série pour préserver l’autonomie en hiver et chauffer l’habitacle rapidement.
Par ailleurs, Renault a intégré une recharge bidirectionnelle (AC 11 kW), permettant à la voiture de restituer de l’énergie au réseau (V2G) ou d’alimenter des appareils externes (V2L). Dans un cadre domestique ou en camping, cette fonction devient un argument concret de praticité au quotidien.
Côté budget, Renault annonce un tarif de lancement à 29 990 € pour la version d’entrée de gamme, bonus non déduit. A titre de comparaison, la Renault 4 est facturée 2 000 € plus cher que la Renault 5, à moteur et gamme équivalents. Le modèle que nous avions à l’essai était une version Techno affichée 35 490 € et disposant de quelques options telles que le système audio Harman Kardon, le hayon électrique mains-libres, les sièges et volant chauffants, la conduite semi-autonome de niveau 2 et les aides au parking avant et mains-libres pour un montant final de 37 890 €.
Apte à la « road attitude » ?
Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas convaincu que cette Renault 4 moderne, néanmoins pétrie de qualités, puisse s’aventurer comme sa devancière, sur toutes les routes du monde ! Certes, elle le peut même si ce n’est pas ce pour quoi elle a été conçue ! Mais avec un peu d’organisation et une nouvelle façon d’aborder un roadtrip, la 4L moderne se montrera une bonne monture.
En définitive, cette Renault 4 E‑Tech positionnée comme une voiture familiale moderne, polyvalente, qui combine un espace intérieur généreux, une technologie embarquée aboutie, des fonctionnalités avancées de recharge, soit destinée aux gros rouleurs et aux aventuriers. Elle s’adresse plutôt à ceux qui veulent une voiture électrique simple à vivre, connectée, confortable, habitable et pratique, capable de les emmener autour de chez eux. Si son autonomie sur longs trajets reste à confirmer, elle coche la majorité des cases pour s’imposer comme une référence du segment, peut-être même plus que la Renault 5.
Mais si Renault avait eu la bonne idée de la sortir aussi en hybride, elle aurait coché la case « carton assuré » !